Infertilité féminine

Au cours des dernières années, un nombre croissant de patients ont eu recours à l’acupuncture pendant leur démarche en FIV afin d’augmenter les chances d’obtenir une grossesse. Cette évolution médicale importante a été initiée par la publication de la recherche innovatrice du Dr Paulus Wolfgang en 2002.

Recherche clinique innovatrice

La recherche de Paulus a démontré que les taux de grossesse clinique étaient supérieurs de 41,5% dans le groupe de patients qui ont reçu un traitement d’acupuncture avant et après le transfert d’embryon. Deux autres études subséquentes, conduites par Lars Westergaard et al. et Stefan Dieterle et al., ont aussi démontré que l’acupuncture autour du transfert d’embryon augmentait le taux de grossesse clinique de 33, 3% et de 55, 5 % respectivement. Cela représente une augmentation remarquable des taux de réussite d’une moyenne de 43, 3% pour un coût total de 2 % de la FIV. (En supposant 200 $ pour les traitements d’acupuncture pré et post-FIV, et 10 000 $ pour une FIV.)

Une sensibilisation et une acception accrues

La prolifération des technologies reliées à internet, comme Google et les forums de discussion permettent un accès facile aux recherches cliniques mentionnées ci-haut. Ces nouveaux moyens de communication offrent une plate-forme permettant aux patientes atteintes d’infertilité de partager leurs expériences positives en acupuncture avec celles qui sont en démarche pour une FIV.

En 2010, l’acupuncture en tant qu’alternative viable et thérapie complémentaire aux technologies de reproduction assistée, a connu un essor important lorsque des célébrités telles que Julie Snyder et la superstar internationale Céline Dion, ont publiquement reconnu l’acupuncture comme un élément important dans la poursuite de leur rêve de devenir parent.

L’année 2012 marque un tournant – la moitié des cliniques de fertilité de Montréal prévoit offrir dans un futur rapproché ou offre déjà de l’acupuncture pré- et post transfert d’embryon sur les lieux mêmes de leur clinique. Les nombreuses études cliniques récentes qui soutiennent le recours à l’acupuncture lors de la FIV sont à l’origine de ce changement étonnant. En effet, l’influence de ces études se traduit par une augmentation importante de patients qui demandent à ce que l’acupuncture soit intégrée à leur démarche en procréation assistée.

Trouver un acupuncteur expérimenté et suivre fidèlement ses recommandations – qu’il s’agisse de boire des herbes amères, de modifier votre style de vie ou de recevoir régulièrement des traitements d’acupuncture – est la clé du succès des traitements de l’infertilité par acupuncture.

Assurez-vous d’avoir jeté un coup d’œil à la section Avantages Sinocare avant d’arrêter votre choix sur un acupuncteur pour le traitement de l’infertilité par acupuncture.

Traitement en médecine chinoise

Tout comme en médecine occidentale, la première étape d’un traitement en médecine chinoise est une évaluation en médecine chinoise appropriée. Une fois que les syndromes (la nature de la maladie) ont été identifiés, le praticien de médecine chinoise s’est déjà formé une opinion sur les facteurs ayant contribués à l’apparition de la maladie, comment celle-ci à évoluée, sur sa localisation et le pronostic.

Dans ma pratique, je porte plus attention aux syndromes qu’à la maladie elle-même. Cela signifie que si je rencontre la même maladie chez de nombreux patients, mais que je constate qu’ils ont des syndromes différents, je traiterai chaque cas différemment. Si nous prenons pour exemple deux femmes présentant un syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Chez une des patientes, le trouble est causé par une déficience de la Rate et des Reins, alors que, pour l’autre, la maladie est engendrée par une Stagnation du Qi du Foie. Dans le traitement de ces deux patientes, j’utiliserai des points d’acupuncture et des herbes très différentes.

À l’opposé, lorsque la maladie est différente, mais que les syndromes sont les mêmes, je vais traiter les patients de manière similaire. Si nous prenons pour exemple trois patientes infertiles. L’une d’elles présente un SOPK. L’autre, une endométriose et la troisième, une insuffisance ovarienne prématurée. Si je constate qu’elles ont toutes une déficience des Reins, alors j’utiliserai des points d’acupuncture et des herbes chinoises très similaires chez les trois patientes.

Les syndromes qui ont été déterminés, la constitution du patient et son diagnostic médical me permettent de dresser un objectif de traitement. Pour atteindre cet objectif, j’utilise le plus souvent une combinaison d’acupuncture et d’herbes chinoises. Parfois, j’utilise également des suppléments alimentaires et des recommandations alimentaires.

Pathologie en médicine chinoise

Comme vous pouvez l’imaginer, la manière dont la médecine chinoise comprend l’infertilité féminine peut être très complexe. Les termes utilisés en médecine chinoise, tels que « Reins », « Foie » et « Sang » ont une signification différente que celle normalement attribuée par la médecine occidentale. Ils sont alors écrits avec une majuscule pour souligner que le sens n’est pas le même. Si vous êtes intéressé d’en apprendre davantage sur la médecine chinoise et l’infertilité, référez-vous aux livres recommandés dans la section du site Ressources – Livres – Infertilité.

Selon une étude publiée dans le Journal of Traditional Chinese Medicine, les syndromes de stagnation du Qi du Foie et de déficience des Reins représentent 51,7% et 22,4% des patientes atteintes d’infertilité. Cette conclusion n’est guère surprenante si l’on considère le mode de vie actuel et la démographie des nombreuses femmes atteintes d’infertilité. La stagnation du Qi du Foie est souvent associée au stress, à un mode de vie sédentaire et à une diète contenant beaucoup d’aliments gras. D’autre part, la déficience des Reins (soit du Yin, Yang ou de l’Essence) est souvent le résultat d’un style de vie exigeant ou est reliée au processus de vieillissement.

Ces statistiques confirment ma propre observation clinique selon laquelle les jeunes patientes infertiles ont tendance à présenter une stagnation du Qi du Foie, et celles plus âgées (plus de 40 ans) ont tendance à présenter une déficience des Reins. Cependant, il est important de comprendre que ces données ne sont qu’une pièce du casse-tête, puisque presque toutes les patientes démontrent plus d’un seul syndrome.

Reins – Une des fonctions majeures des Reins est d’emmagasiner le Jing des Reins (l’essence de la vie), qui inclut le Jing prénatal (hérité de nos parents et non remplaçable) et le Jing postnatal (acquis au travers de la nourriture et qui est remplaçable). Le Jing des Reins peut se transformer en Sang et en Qi des Reins, qui deviennent la source de la croissance, du développement et de la reproduction.

Selon la médecine chinoise, la variation de la quantité de Jing produit des changements physiologiques significatifs chez la femme tous les sept ans :

7 ans : début de la maturation de la jeune fille ;
14 ans : apparition des premières menstruations et possibilité de concevoir ;
21 et 28 ans : la fertilité est à son maximum ;
35 ans : la fertilité commence à diminuer ;
42 ans : la fertilité ait presque disparu ;
49 ans : le Jing des Reins de la femme est épuisé et apparaît la ménopause.

Foie – Deux des fonctions majeures du Foie sont de réguler le Qi et le Sang et d’emmagasiner le Sang.

Rate – La fonction principale de la Rate est de transformer les nutriments de la nourriture en Qi, en Sang et en Jing postnatal, afin de maintenir le niveau adéquat de substances nutritives dans le corps et de garder le Sang en circulation dans les Vaisseaux.

Selon la théorie de la médecine chinoise, le Foie joue un rôle vital dans le système reproductif. Le Qi du Foie met en circulation le Sang et la stagnation du Qi du Foie peut éventuellement causer une Stase de Sang. Avec le temps, une Stase de Sang peut causer de l’endométriose, des fibromes utérins et des kystes ovariens, de la dysménorrhée, des menstruations irrégulières ou peu abondantes, tous reconnus comme contribuant à l’infertilité féminine.

Les Reins sont les organes les plus importants du système reproducteur, et la déficience des Reins, qu’elle soit Yin, Yang ou associée à une déficience du Jing, peut mener à une aménorrhée, une anovulation, un petit utérus, un endomètre mince, une diminution de la qualité ovarienne ou à une insuffisance ovarienne prématurée.

La Rate est aussi un organe important du système reproducteur. Malheureusement, une surconsommation d’aliments et de liquide froids, d’aliments crus, une exposition à un climat froid, une consommation exagérée d’aliments sucrés, un mental trop actif et un mode de vie sédentaire peuvent tous affecter négativement la santé de la Rate. On rencontre très souvent des patientes en clinique avec différents niveaux de déficience de la Rate. Une Rate déficiente peut produire des menstruations abondantes ou légères, du spotting, des menstruations prolongées, des avortements spontanés à répétition, etc.

Sécurité & controverse

La pratique sécuritaire de l’acupuncture et des herbes chinoises a été méticuleusement consignée depuis plus de deux millénaires en Chine. Aujourd’hui, les protocoles d’acupuncture utilisés en complément avec les techniques de reproduction assistée ont été testés dans des études cliniques pour s’assurer de leur sécurité et leur efficacité.

Les herbes chinoises sont aussi sécuritaires et encore plus polyvalentes et puissantes que l’acupuncture. Mais elles sont beaucoup moins connues et donc utilisées, même par la plupart des acupuncteurs au Québec.

Certains patients et spécialistes de la fertilité ont des inquiétudes infondées à propos des interactions possibles entre les herbes chinoises et les médicaments prescrits au cours de la FIV. Si utilisées avec expertise, en conjonction avec l’acupuncture, les herbes chinoises sont vraiment un outil puissant dans le traitement de l’infertilité féminine. Personnellement, j’utilise les herbes chinoises à ma clinique depuis 1995 et je n’ai jamais constaté d’effets négatifs.

Taux De Succès

L’une des questions que l’on me pose le plus souvent concerne le taux de succès des traitements d’acupuncture et d’herbes chinoises que je propose pour l’infertilité. Malheureusement, je ne peux pas offrir une réponse claire et définitive à cette question. À l’heure actuelle, il n’existe aucune étude clinique contrôlée assez importante pour prouver l’efficacité de l’acupuncture dans le traitement de l’infertilité. L’absence de telles études est probablement causée par un manque de subventions.

Actuellement, plusieurs patients infertiles viennent à l’acupuncture après avoir épuisé toutes les autres alternatives, et par conséquent, se sont souvent les cas les plus difficiles et complexes à traiter. Jusqu’à ce que des études contrôlées randomisées, qui pourront démontrer une comparaison équitable entre l’acupuncture et les techniques de reproduction assistées, soient disponibles, aucune comparaison significative ne peut être faite. Bien que les chiffres ci-dessous n’aient pas de valeur statistique, ils démontrent néanmoins que l’acupuncture peut offrir des résultats très intéressants dans le traitement de l’infertilité féminine. Par exemple, de 2010 à 2012, nous avons obtenu plus de 500 grossesses à notre clinique. Plus de 50 % de ces patients ont utilisé l’acupuncture et les herbes chinoises exclusivement et ont été traités pour une période de quelques semaines à plus d’un an. Les autres patients ont reçu à la fois des traitements de procréation assistée – FIV principalement – de l’acupuncture et des herbes chinoises.

De plus, le succès des traitements dépend largement des connaissances et de l’expérience de l’acupuncteur. Au Québec, l’exigence minimale pour un acupuncteur est un diplôme collégial de trois ans qui est offert seulement au Collège Rosemont. L’étude des herbes chinoises n’est pas incluse dans le programme. Personnellement, je crois qu’un minimum de cinq ans de pratique clinique à temps complet en gynécologie chinoise est requis pour qu’un diplômé d’une université de médecine chinoise puisse être compétent dans le traitement de l’infertilité. Pour augmenter le niveau d’expertise des acupuncteurs dans ce domaine, l’Ordre des acupuncteurs du Québec m’a mandaté d’offrir un séminaire intitulé « Traitement de l’infertilité par l’acupuncture », en avril 2011.

Puisque le public et les spécialistes de la médecine reproductive sont de plus en plus sensibilisés, il y a récemment une augmentation du nombre de patients qui entament l’acupuncture plus tôt dans le processus de fertilité au lieu d’en faire une solution de dernier recours. Ce changement devrait avoir un impact très positif sur les résultats offerts par l’acupuncture et les herbes chinoises de manière générale.

Alternative à la FIV

Pour les patients qui ont choisi de ne pas avoir recours à la reproduction assistée pour des raisons financières, religieuses, morales, de santé ou seulement par préférences personnelles, l’acupuncture et les herbes chinoises sont des alternatives efficaces. À ma clinique, approximativement la moitié de mes patientes ont obtenu une grossesse sans utiliser les techniques de reproduction assistées.

Il semble que les patientes plus jeunes, celles qui sont mieux renseignées sur l’infertilité ou qui ont bénéficié de la médecine chinoise lors de leur première grossesse, sont plus susceptibles d’utiliser l’acupuncture et les herbes chinoises de manière exclusive.

Assister La FIV

Les traitements d’acupuncture avant et après le transfert d’embryon est en ce moment ce qui est le plus utilisé, publicisé, et le mieux connu comme approche en acupuncture dans le traitement de l’infertilité. Cependant, c’est loin d’être la seule approche possible de l’acupuncture pour le traitement de cette problématique complexe.

Les protocoles d’acupuncture et d’herbes chinoises dans l’accompagnement aux traitements de fertilité sont clairement expliqués dans le livre intitulé « Acupuncture & IVF » par Lifang Liang (voir Ressource – Livre – Infertilité). Les traitements d’acupuncture associés à la FIV présentent trois phases : Pre-FIV, durant FIV, et Post-FIV.

Phase pré-FIV : des traitements hebdomadaires d’acupuncture sont recommandés pour au moins 3 mois afin de diminuer les effets secondaires des médicaments, augmenter la réponse à la stimulation hormonale, améliorer la santé des organes reproducteurs et la santé générale du patient.

Phase de traitement FIV : des traitements hebdomadaires d’acupuncture sont recommandés auxquels sera ajouté un traitement avant et après le transfert. L’objectif de l’acupuncture durant ce processus est d’augmenter l’apport sanguin à l’utérus et aux ovaires, de diminuer le stress associé à la FIV et de calmer l’utérus afin de faciliter l’implantation.

Phase post-FIV : pour les patientes ayant obtenu une grossesse, des traitements d’acupuncture sont recommandés pour trois mois afin de réduire le risque de fausse couche et de grossesse ectopique. Il est essentiel pour les patientes avec des antécédents de fausse couche et de grossesse ectopique de recevoir des traitements durant cette phase.

Dans ma pratique clinique, le protocole présenté ici peut être modifié facilement pour accommoder les différentes procédures en reproduction assistée, comme la FIV ou l’insémination.

Pratique clinique

Contrairement à ce qui est présenté dans ces études cliniques, les docteurs en médecine chinoise souhaitent habituellement un minimum de trois mois de traitements hebdomadaires avant la FIV.

L’acupuncture présente plusieurs bénéfices additionnels que j’ai pu observer au cours de mes 30 ans de pratique clinique :

  • C’est un traitement efficace pour l’infertilité inexpliquée;
  • Il y a beaucoup d’effets désirables, comme la régulation du cycle menstruel, la réduction du syndrome prémenstruel, la diminution du stress physique et émotionnel associé à l’infertilité et aux traitements médicaux qui s’en suivent ; Elle améliore la santé générale du patient
  • Il n’y a pas d’effet secondaire à court ou long terme ;
  • Elle offre un nouvel espoir pour les patients qui :
    1. sont incapables de concevoir avec l’aide des techniques de reproduction assistée ou seul ;
    2. ne peuvent se permettre financièrement les traitements en médecine reproductive
    3. ne veulent pas avoir recours aux techniques de reproduction assistée en raison de leur religion, leurs préoccupations morales ou de leur état de santé général.
  • Peu dispendieuse et est régulièrement couverte part les assurances privées, et même par l’assurance publique en Colombie-Britannique.

Études cliniques

En tant qu’acupunctrice avec 8 ans de formation et plus de 30 ans d’expérience, autant en médecine chinoise que médecine occidentale, je regarde le résultat de ces études cliniques avec un sentiment mitigé.

D’une part, ces études ont popularisé l’acupuncture dans la pratique médicale courante et elles ont permis d’augmenter sa crédibilité et de sensibiliser les professionnels de la santé et les patients.

Mais d’autre part, la plupart de ces études cliniques ignorent complètement plusieurs des éléments fondamentaux de la médecine chinoise. Elles utilisent un nombre de points très limité d’acupuncture, de manière rigide, à la recherche de la « combinaison miracle » pour augmenter les taux de grossesse associés à la FIV. Il ne faut donc pas s’étonner que ces recherches ne produisent pas toujours des résultats optimaux. Par conséquent, plusieurs spécialistes de la fertilité hésitent encore à recommander l’acupuncture comme thérapie complémentaire à leurs patients. Cependant, la plupart des médecins pourraient être d’accord avec les résultats de la méta-analyse publiée dans le British Medical Journal : l’acupuncture autour du transfert d’embryon est sécuritaire, permet aux patients de se sentir mieux et peut augmenter les taux de réussite de la FIV.

Depuis 2012, la tendance est assez claire. Les cliniques de fertilité qui encouragent les patients à recourir à l’acupuncture avant et après les transferts d’embryons sont en augmentation. Moi et mes collègues chez Sinocare, avons effectué des traitements d’acupuncture dans les 6 cliniques de fertilité à Montréal, et ce, plusieurs fois par semaine.

Il y a 10 ans, je voyais probablement une poignée de patients infertiles dans une année et aucun n’était référé par une clinique de fertilité. Aujourd’hui, je vois la même quantité de patients infertiles en moins d’une heure et régulièrement ils sont référés par l’une ou l’autre des cliniques de fertilité. Pour moi, c’est un changement exceptionnel.

Si deux séances d’acupuncture, une avant et l’autre après le transfert d’embryon, ont démontré pouvoir augmenter le taux de grossesse de 43,43 %, il faut imaginer ce qu’un traitement à long terme avec l’acupuncture et les herbes chinoises pourrait faire pour vous dans le traitement de l’infertilité